Violences extrêmes, morts collectives et mémorialisation
Résumé
Esclavage, guerre, épuration ethnique, génocide ou bombardement atomique renvoient à autant d'expériences diverses de la souffrance et de la catastrophe individuelle et sociale auxquels ont été, et continuent d'être, confrontés des millions d'êtres humains. Mais de tels épisodes dramatiques renvoient aussi aux modalités de reconstructions et de réélaborations complexes qui font suite à ces situations de mort à grande échelle. Celles-ci peuvent notamment se manifester par le phénomène de mise en mémoire que nous souhaitons aborder dans ce dossier afin d'interroger comment ces événements sont remémorés et transmis, ou pas, aux générations suivantes. Comme l'a rappelé Michèle Baussant (2007), la notion de mémoire, par nature polysémique et plurielle, engage non seulement les mécanismes de rappel et les souvenirs eux-mêmes, mais aussi les processus dynamiques de relecture des représentations sociales qui sont étroitement associées aux identités collectives du présent. De par l'ampleur des meurtres de masse et l'usage inédit d'une industrie de la mort, François Hartog (2003) estime que les atrocités du xx e siècle sont « les tempêtes d'où sont parties ces ondes mémorielles » qui remuent les sociétés contemporaines.
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
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