Martinique, terre amérindienne
Abstract
Aujourd'hui, les traces de la présence amérindienne en Martinique constituent, en dehors des pétroglyphes de la forêt de Montravail et des pièces exposées dans les musées de l'île, un patrimoine invisible. Cependant, avant son invasion par les européens cette île a bien été pendant au moins 1500 ans terre amérindienne. Pendant dix années, entre 1995 et 2005, une équipe pluridisciplinaire internationale a ainsi travaillée à étudier l'occupation précolombienne de la Martinique. Ce programme initialement dirigé par J.-P. Giraud puis par Benoît Bérard a été menée dans le cadre d'un Projet Collectif de Recherche intitulé "Le néolithique martiniquais dans son contexte antillais" agréé par le Ministère de la Culture et de la Communication et financé par la Direction des Affaires Culturelle de la Martinique. La synthèse des résultats de ces travaux a été présentée au public martiniquais dans le cadre d'un séminaire international qui s'est tenu à Fort-de-France en mai 2007 avec le soutient du Conseil Général. Elle constitue le cœur de cet ouvrage. Elle a été complétée par un certain nombre de contributions permettant une mise en perspectives des résultats obtenus. Ce volume se divise en trois parties. La première fait un état des lieux de la connaissance sur les différentes cultures précolombiennes qui se sont succédées dans l'île au travers de la présentation de plusieurs sites de références. Elle se conclue par un regard historique qui grâce au récit de l'incroyable vie de Francisco Congo illustre les contacts entre populations amérindiennes, africaines et européennes au début de la colonisation et nous offre des informations inédites sur l'origine de la communauté des Caraïbes noirs de Saint-Vincent. La seconde partie de l'ouvrage présente un bilan des connaissances sur la relation entre les amérindiens et leur environnement naturel au travers d'études archéo-vulcanologiques, archéo-zoologiques et paléo-ethnobotaniques. Ce recours aux sciences paléo-environnementales offre pour la première fois la possibilité d'une réelle approche historicisée de cette relation. Enfin, parce ce que la division géopolitique coloniale et post-coloniale de l'archipel antillais n'a pas de sens appliquée à l'étude de son peuplement précolombien, il nous est apparu essentiel de conclure cet ouvrage par une ouverture sur les îles voisines en particulier la Dominique et la Guadeloupe. Cela nous fait entrer dans cette perspective archipélique qui guide aujourd'hui le travail des archéologues. Cet ouvrage est le premier volume synthétique sur l'occupation amérindienne de la Martinique publié depuis des décennies. Par son sérieux et son accessibilité il met enfin à la disposition d'un public de spécialistes et de non-spécialistes un bilan des dernières connaissances produites. Il répond en cela tant à un besoin scientifique qu'à une réelle demande sociale.