Penser le corps : René Maran, lecteur de Marc-Aurèle
Résumé
C’est sous les auspices vénérables du philosophe stoïcien tardif, que le poème « Sous la dictée de Marc-Aurèle » de René Maran engage un dialogue teinté de mélancolie entre le poète et son âme. Dans la pure tradition stoïcienne, le poète expose l’amer paradoxe de l’être, doté d’une âme, qui commande aux sentiments et au jugement, et d’un corps qui, lui, échappe à son emprise. Si l’exercice de l’écriture tient une place de choix chez Marc-Aurèle dans la construction d’un discours rationnel et opératoire sur le monde, à n’en pas douter la poésie de René Maran rend compte dans une tonalité mineure d’un univers qui se dérobe. Pensée comme un exercice à la fois physique, par le geste graphique, et spirituel, par le perfectionnement de l’âme, l’écriture stoïcienne permet au philosophe de se réapproprier le monde qui lui échappe. Cette étude vise ainsi à montrer de quelle façon la pensée de Marc- Aurèle imprègne la poétique de René Maran : le corps souffrant révèle une oscillation entre la tentation de l’abandon au monde et son acceptation, et participe à l’écriture d’un monde en mouvement.