Voices and ways of the Creole Garden: Socio-Environmental Dynamics and Assets for Sustainable Development and Education
Voix et voies du jardin créole : dynamiques socio-environnementales et atouts pour un développement durable et son éducation
Résumé
In the societies of Guadeloupe and Martinique, the garden, whether it is designated as Creole, educational, collective or shared, is imposing itself in projects and expectations. Numerous cultural events and past or ongoing calls for institutional projects reflect a societal demand for it. This trend is part of a movement of alternative agricultural practices that is being expressed on a global scale. Permaculture is an emblematic symbol of ecological aspirations for practices that respect ecosystems, their natural cycles and the health of all living beings. The Creole garden is a small agrarian unit attached to family farming. Its specific matri-patrimonial character induces additional issues related to the territorial identity, the history of these island spaces, a non-academic knowledge of practices and plant resources specific to these agrosystems. The affirmation of the Creole garden as a physical environment where social and educational practices are exercised, as well as a support for the conceptualization of sustainable development, is the object of my study. We know that it is recognized as a model of agroecology, which legitimately raises the question of its place in a sustainable territorial development strategy. Environmental issues are gaining priority on institutional agendas at the local and global levels in view of the deleterious evolution of the Earth's climate and the growing vulnerability of biodiversity. The mitigation potential of the Creole garden in the first case, and the ability to concentrate the biodiversity of which it is the seat in the second case, are robust questions in the de facto multidisciplinary field of sustainability sciences. In educational sciences, the development of "outside the walls" educational practices is no longer the prerogative of the new education, but fully concerns the fields of environmental education, the Anthropocene, and education for sustainable development with transformative and emancipatory aims. The use of project-based pedagogy in the latter allows for authentic situations of immersion in a natural space, and scenarios involving reliable practices and identifiable natural resources in the learners' immediate environment. The relationship with the natural space is correlated with the development of a set of skills, including knowledge, know-how and attitudes but also values. Informal education, which is that received in the family and the immediate social space, becomes significant when dealing with the Creole garden because it is a matri-heritage. Several disciplinary and professional fields are therefore concerned by the object of study, which is consistent with its complexity and the multi-referentiality inherent in work on socio-environmental sciences. This paper presents a characterization of the Creole garden. It is done through the analysis of the socio-environmental dynamics that it generates and is based on a selection of examples. This first step will make it possible to identify possible trajectories in terms of sustainable development, education for sustainable development and the Anthropocene with regard to the references of these scientific fields. Ultimately, it is a question of thinking about the integration of these conceptual elements into the sustainable development and social and environmental responsibility strategy of the University of the West Indies, or, at the very least, the irrigation of its development process.
Dans les sociétés de Guadeloupe et de Martinique, le jardin, qu’il soit désigné comme créole, pédagogique, collectif ou partagé, s’impose dans les projets et les attentes. De nombreuses manifestations culturelles et des appels à projets institutionnels passés ou en cours traduisent une demande sociétale à son endroit. Cette tendance s’inscrit dans une mouvance de pratiques agricoles alternatives qui s’exprime à l’échelle mondiale. La permaculture est un symbole emblématique d’aspirations écologiques pour des pratiques respectueuses des écosystèmes, de leurs cycles naturels et de la santé de tous les êtres vivants. Le jardin créole est une petite unité agraire rattachée à l’agriculture familiale. Son caractère matri-patrimonial spécifique induit des enjeux supplémentaires en lien avec l’identité territoriale, l’histoire de ces espaces insulaires, une connaissance non-académique de pratiques et de ressources végétales propres à ces agrosystèmes. L’affirmation du jardin créole tant comme environnement physique où s’exercent des pratiques sociales et éducatives, que support pour la conceptualisation d’un développement durable est l’objet de mon étude. On sait qu’il est reconnu comme un modèle d’agroécologie, ce qui pose légitimement la question de sa place dans une stratégie de développement territorial durable. Des enjeux environnementaux gagnent en priorité dans les agendas institutionnels aux échelles locale et globale au regard de l’évolution délétère du climat terrestre et de la vulnérabilité croissante de la biodiversité. Le potentiel d’atténuation du jardin créole dans le premier cas, et l’aptitude à concentrer la biodiversité dont il est le siège dans le second cas, sont de robustes questions dans le domaine de facto pluridisciplinaire des sciences de la durabilité. En sciences de l’éducation, l’essor de pratiques d’éducation « hors les murs » n’est plus l’apanage de l’Education nouvelle, mais concerne pleinement les champs d’une éducation à l’environnement, à l’Anthropocène, et d’une éducation au développement durable à visées transformatrice et émancipatrice. Le recours à la pédagogie de projet dans cette dernière autorise des situations authentiques d’immersion dans un espace naturel, et des scénarii impliquant des pratiques fiables et des ressources naturelles identifiables dans l’environnement proche des apprenants. La mise en relation avec l’espace naturel est corrélée au développement d’un ensemble de compétences, incluant des connaissances, des savoir-faire et attitudes mais aussi des valeurs. L’éducation informelle, qui est celle reçue dans la famille et l’espace social proche devient significative lorsqu’on traite du jardin créole car il est un matri-patrimoine. Plusieurs champs disciplinaires et professionnels sont donc concernés par l’objet d’étude, ce qui est cohérent avec sa complexité et la multiréférentialité inhérente aux travaux sur les sciences socio-environnementales. Cette communication présente une caractérisation du jardin créole. Elle se fait par l’analyse des dynamiques socio-environnementales qu’il génère et s’appuie sur une sélection d’exemples. Cette première étape permettra d’identifier des trajectoires possibles en matière de développement durable, d’éducation au développement durable et à l’Anthropocène au regard des référentiels de ces champs scientifiques. Il s’agit, in fine, de penser l’intégration de ces éléments conceptuels dans la stratégie de développement durable et de responsabilité sociale et environnementale de l’Université des Antilles, ou, a minima, l’irrigation de son processus d’élaboration.